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Les plus impossibles pardons

Il est imaginable que jusqu’à cette page, un certain nombre de lectrices ou lecteurs demeurent encore dans la quasi impossibilité de percevoir une voie de pardon.

Pourquoi ?

  • Soit que leur conscience soit encore trop athée ou matérialiste pour franchir le pas de la foi vivante ou simplement du challenge spirituel, l’audace de faire comme si. Car il s’agit bien, pour certains, de faire comme si avant de vivre vraiment l’expérience spirituelle du pardon. Posons ce pari comme a pu le faire Blaise Pascal en son temps, convaincus qu’il n’y a pas d’autre risque majeur que de faire semblant de croire ou de se mettre à genoux[1]. A force de temps et probablement de grâce, on percevra à coup sûr un appréciable glissement vers l’expérience authentique. C’est ainsi qu’en orient, des milliers de moines relativement peu convaincus de la vie spirituelle en leur jeunesse, s’engagent dans des années de sadhana (discipline, ascèse rituelle nourrie de purifications, méditations, prières, mantras, chants, etc.) et font l’expérience d’une profonde métamorphose. Certes, ils ont dû faire un minium confiance à leur enseignant, et bien entendu consacrer du temps et des efforts au processus. Mais de très hypothétique (voire d’impossible ou de critiqué) qu’il ait pu être au début, il devient un terreau d’expérience, un espace de vivance expérientielle comme disent les sophrologues.
  • Pour d’autres, nombreux également, c’est la profondeur de la blessure, l’immensité de la douleur qui rend le pardon simplement absurde, totalement inimaginable. La femme violée, l’enfant abusé, celui qui reste seul après un holocauste, la femme battue des années durant, le soldat qui a tout perdu sous les bombes de ses ennemis, … sont autant d’exemples où humainement, il parait impossible de pardonner. Même si quelques cas extraordinaires ont pu donner lieu à des œuvres grandioses[2] sous la plume de grands blessés de la vie, une majorité de personnes demeurent ainsi toute leur vie dans la rumination douloureuse de leurs offenses et la fomentation de leur vengeance. Impossible de leur jeter la pierre pour autant puisqu’elles sont humaines, et que leur douleur est effectivement humaine… !

 

Comment envisager alors une possible démarche de pardon ?

On sait que dans ces cas extrêmes, des processus de psychothérapie sont très rarement envisagés. Pour des raisons aussi complexes que respectables, ces personnes possèdent soit trop de pudeur pour se confier à un thérapeute ou à un groupe thérapeutique, soit, cas bien plus fréquents, un blocage profond verrouille l’idée même de pardon. Il s’agira de l’orgueil souvent, ou des bénéfices secondaires de la victimisation parfois, de la fidélisation à un schéma familial d’autres fois, d’un système religieux trop sclérosé, d’une lecture inéluctable de la fatalité[3] … bien des causes cachées semblent rendre inimaginable, pour ces personnes, une quelconque métamorphose libératrice.

Toutefois, nous souhaitons de tout cœur que quelques-unes trouvent la force intérieure ou l’audace de mettre en œuvre le cheminement qui suit :

  • Le premier pas sera celui de l’acceptation: il s’agira « d’accueillir » l’événement, quel qu’il soit, dans le champ d’une conscience nouvelle. Plutôt que de raviver un souvenir issu du passé (or, il est nécessairement passé dans tous les exemples proposés ci-dessus), poser l’image ou la scène douloureuse comme sur une page vierge, au cœur du présent. Si l’on s’applique vraiment à considérer cette page comme appartenant à l’ici et maintenant, elle se déchargera rapidement d’une bonne part de son pathos, elle perdra sa couleur mélodramatique. Des liens douloureux se couperont comme automatiquement avec l’histoire personnelle. Le passé sera comme déshabillé d’une foule de choses parasites devenues autant irréalistes qu’inutiles.
  • Le second pas sera celui de la distanciation en l’espace du Témoin. Déjà présenté plus avant, cette approche favorise (très techniquement parlant) un placement de la conscience, une concentration vigilante en un point situé entre les sourcils[4]. Au plan énergétique autant que symbolique, on quitte de ce fait le placement dans l’espace émotionnel (lié au centre de l’épigastre ou plexus solaire) pour s’élever en un nouveau poste de pilotage essentiellement mental. C’est lui, on l’a vu, qui est nommé le centre du Veilleur silencieux, ou siège du Témoin bienveillant. Jamais altéré par les fluctuations émotionnelles, ce centre permet un progressive croissance de la conscience devenant plus adulte, à jamais sereine et pour autant très présente et parfaitement capable d’une pensée réflexive, analogique, synthétique ou intuitive.
  • Pendant l’exercice, on veillera à conserver une respiration abdominale, donc basse ou ventrale et non pas thoracique. On ralentira soigneusement le souffle avec, par exemple, 3 temps pour inspirer, 2 temps pour une rétention haute et 3 à 5 temps pour l’expiration freinée. Plusieurs schémas sont possibles et pourront être ajustés aux possibilités corporelles et au confort de la personne. La respiration abdominale, outre le fait qu’elle est puissamment anti-stress, participera au recentrage (le centre Hara des japonais, un peu sous le nombril) et à l’enracinement, à la stabilité de la personne.

Si l’on préfère mettre en place le système dit de la cohérence cardiaque[5], c’est tout à fait possible et également très efficace.

Dans les deux cas, il sera important d’imaginer, et mieux de ressentir ou percevoir un sourire dans le cœur. Placer le sourire le plus représentatif de la paix, de la sérénité imaginable. Par exemple, on choisit souvent le sourire du Bouddha, celui de la Sainte Face d’un Christ en majesté, mais si celui de la Joconde ou d’un enfant qui dort porte ses fruits, pourquoi pas ! Certains débuteront par une imagination du sourire, sa création mentale et sa visualisation, voire simplement une pensée de sourire ; avec un peu de pratique, ils s’apercevront qu’en fait, le sourire était déjà là et qu’il ne s’agissait que de le révéler, le dévoiler en la crèche du cœur… !

 

[6]

Le sourire ineffable du Bouddha…

 

  • La troisième étape porte l’essentiel du processus métamorphique et nous le nommerons prendre refuge. Ce terme est bien connu des adeptes du Dharma (ou bouddhisme)[7]. Il évoque des qualités qui se conjuguent comme l’humilité, la confiance, et l’abandon à plus grand que soi :
  • L’humilité de se réfugier aux pieds du Bouddha, du Christ, de Shiva ou d’Allah, comme un enfant le ferait en se blottissant dans les bras de son père ou de sa mère. Oser gommer l’égo qui hésite encore, les résistances qui peuvent subsister. Sans cette humilité, la part d’orgueil qui érige l’égo en maitre absolu demeurerait en filigrane, cet égo autoproclamé seul maitre à bord de son destin, ce petit moi-je aux sous-personnalités aussi perverses (pour saboter tout éveil spirituel) que polymorphes et innombrables.

Pour notre enfant intérieur, traverser l’avenue des Champs-Elysées un vendredi soir à 18 heures est une expérience effrayante de cet ordre, et, en l’occurrence, il s’agit d’être assez humble pour placer sa petite main d’enfant dans la grande main d’un père.

  • La confiance est la qualité essentielle qui définit la foi mais aussi la relation hiérarchique avec son Ame ou avec le maître intérieur. Lâcher-prise, c’est se confier aimait à répéter notre bon maître Graf Dürckheim. Après souvent des années de souffrances, sachons profiter de cette espèce d’épuisement profond, tout au bord des limites de nos possibles, pour alimenter ce lâcher-prise en confiance. Cette étape est de l’ordre d’un renoncement à combattre, ou à se plaindre encore et encore, ou à nourrir telle forme de vengeance, etc. Le pardon se veut sans limite de pardon, comme rappelé ici : « Alors Pierre s’approcha de lui, et dit : Seigneur, combien de fois pardonnerai-je à mon frère, lorsqu’il péchera contre moi ? Sera-ce jusqu’à sept fois ? Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept fois »[8]. A sa façon, Martin Luther King confirmait en disant : « Le pardon n’est pas un acte occasionnel, mais une attitude permanente ».
  • L’abandon à plus grand que soi suppose ici que le seul vrai refuge n’est pas de l’ordre de l’humain. Aucun thérapeute, aussi empathique soit-il, aucun ami ou aucun prêtre ne pourront jamais jouer ce rôle consolateur, réparateur et protecteur. Seul un grand être spirituel, connu et identifié selon son cœur ou sa conscience, pourra assumer un tel prodige. C’est en déposant son fardeau de souffrances et de blessures aux pieds de Dieu -voire de Ses représentants tels que Christ ou Bouddha, qu’il sera finalement possible de s’ouvrir au pardon inconditionnel, à l’accueil de la grâce du pardon. Souvent, il sera plus simple et spontané de se tourner ver un archétype plus yin ou féminin, tel que Marie, la grande Shakti ou la Mère Universelle… indissociables d’une tendresse spirituelle infinie.

« L’homme qui pardonne ou qui demande pardon

comprend qu’il y a une vérité plus grande que lui. »

Paroles, Jean-Paul II

Ce qui précède ressemble fort à « prendre refuge », une démarche de l’ordre de la conversion. Pas nécessairement dans le cadre strict ou codifié d’une religion, mais au sens plus large « de se mettre sous la haute protection de son Ame ». Notre Ame, interface générée entre la persona (égo-matière) et l’Esprit (ou Monade, ou étincelle cosmique présente en chaque créature) est ésotériquement dite d’origine solaire. Comme telle, elle en possède la trilogie archétypale : la Lumière (potentiel de sagesse), la Chaleur (potentiel d’Amour) et la Vie (potentiel de puissance active). Elle ne connaît plus les affres de la dualité égotique, pas plus que les attraits des sens, les mirages émotionnels ou les illusions mentales. L’écoute de l’Ame est la toute première porte sur le chemin de l’initiation spirituelle, car même en croyant se lier à Jésus, Marie, Mahomet, Krishna ou Bouddha, c’est tout d’abord à elle que nous nous lions, que nous nous ouvrons, et d’elle que nous recevons les grâces de l’intuition pure, de la révélation, de l’inspiration la plus élevée ou des songes les plus prémonitoires ou prophétiques…[9]. Via l’Ame, parfois, on pourra contacter d’autres entités spirituelles.

La prière issue du cœur rassemble les points forts du lâcher-prise et de la prise de refuge précédents, et par exemple, en cas de pardon semblant impossible, on pourra répéter trois fois de suite à voix haute : 

« Seigneur (choisir ici le référent le plus aisément reconnu en l’intimité de son cœur), humblement et en toute confiance je te prie ; je suis épuisé de trop de souffrances ; je m’abandonne à toi et à Ta puissance ; Toi seul peut me délivrer de mes maux et mes fardeaux ; Toi seul est le grand Thérapeute de mon âme. Accorde-moi Ta paix. Par ma conscience, mon cœur et ma bouche, pardonne à (X) car j’en suis bien incapable. Merci de ta grâce. Accorde Ta miséricorde à (X) car je sais combien son âme souffre aussi. Amen. Ainsi soit-il. Pour la gloire de la divine unité »[10].

Et l’Islam de confirmer l’importance de placer sa confiance en plus grand que soi :  » Dis : Ô vous Mes serviteurs qui aviez causé du tort à vous-mêmes (en commettant des péchés), ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah. En vérité, Allah pardonne tous les péchés. Il est certainement le Pardonneur, le Miséricordieux. Implorez le pardon de votre Seigneur et repentez-vous à Lui « [11]

Et l’indouisme confirme de même, avec en Sanscrit, le mantra « Dhanyavad Dhanyavad Dhanyavad Ananda » qui peut être traduit par « Remerciements bénis, remerciements bénis, félicité » et il est largement utilisé par les yogis pour développer une attitude de gratitude et d’ouverture au pardon divin.

 

En cette perspective, comprenons que le pardon n’est pas humain et que ni le temps, ni la volonté, ni l’imagination, ni le désir de pardonner ne peuvent effectivement nous affranchir des plus grands contentieux : le pardon libérateur n’est donc pas œuvre humaine mais grâce divine. Seul Christ ou Dieu (…) en nous peut opérer la magie spirituelle du pardon. Pardonner devient alors un phénomène autant sacré que transpersonnel. On doit beaucoup prier pour obtenir ce type de grâce et s’y ouvrir humblement et en confiance, car le pardon s’accueille.

 

 

C’est en lâchant prise que tous les possibles deviennent accessibles

Il pourrait sembler utopique de croire que ce type de prière peut effectivement devenir aussi efficace et libératrice dans des situations extrêmes. Pourtant, l’expérience nous l’a confirmé à maintes reprises et nous ne pourrons qu’inviter les lecteurs à une pratique appliquée et régulière. Car le doute est un grand maître en sabotage et pour bien des mauvaises raisons, nous entretenons les schémas cognitifs, émotionnels et comportementaux les plus efficaces pour neutraliser notre part de perfection. Le sens critique de même, si indispensable qu’il soit pour nourrir l’analyse et le discernement, devient complice du doute lorsqu’un besoin profond de ne rien changer à ses croyances s’installe. Certes, parler de perfection est probablement incompatible avec la nature humaine que nous avons affirmée bien relative, faillible et donc imparfaite, mais pourtant, une part de parfait sommeille au profond de l’être. Une fois le paraître balayé, un espace peut se révéler, celui de l’êtreté (un joli néologisme forgé par Marie Madeleine Davy[12]), celui du Soi.

La fin de cette citation de l’apôtre Matthieu confirme avec audace cette part de perfection inconditionnelle latente en nos cœurs -ou plus exactement, nos Ames : « Vous avez appris qu’il a été dit : œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre. Si quelqu’un veut plaider contre toi, et prendre ta tunique, laisse-lui encore ton manteau. Si quelqu’un te force à faire un mille, fais-en deux avec lui. Donne à celui qui te demande, et ne te détourne pas de celui qui veut emprunter de toi. Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain, et tu haïras ton ennemi. Mais moi, je vous dis: Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent, afin que vous soyez fils de votre Père qui est dans les cieux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et il fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains aussi n’agissent-ils pas de même ? Et si vous saluez seulement vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens aussi n’agissent-ils pas de même ? Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait ». (Matthieu 5 :38 à 5 :48) [13]. A méditer !

 

 

Ne pas craindre de se laisser pardonner

Parfois, l’obstacle à recevoir le pardon est de l’ordre d’un excès d’humilité apparent alors que l’attitude camouffle en fait une part d’orgueil. Se croire impardonnable est une nouvelle façon habile, pour l’égo, de se faire exceptionnel. Cette attitude de bluff permet de ne surtout rien changer en profondeur, et de faire perdurer une situation plaignante de victimisation. Beaucoup de malades tiennent ainsi à demeurer incurables. Comme de prétendus génies s’accrochent à demeurer tellement extraordinaires -ou abscons- que nul ne pourra jamais les comprendre… Des familles entières, voire des communautés entretiennent ainsi parfois cette grave névrose coupable et un long travail d’analyse systémique ou de psycho généalogie n’est pas de trop pour aider les personnes concernées à passer (enfin) à autre chose. Hélas, les psychosomaticiens connaissent bien ces travers de la mauvaise conscience qui fermentent en nos caves subconscientes durant des années et peuvent participer à la genèse de pathologies souvent graves (parfois maladies auto-immunes et cancers) ou en être les facteurs déclenchants ou aggravants.

 

Dans les faits, comment ne pas se laisser pardonner… puisque :

  • Dieu n’a pas le choix. Créateur de la Loi d’Amour, il ne peut échapper aux conséquences de Ses propres Lois. Souvenons-nous du passage fondamental de la prière dominicale qui confirme, selon la traduction littérale de Chouraqui : « pardonnes-nous nous offenses puisque nous les pardonnons à nos débiteurs» !
  • Il est peut-être grand temps de changer de comportement et d’abandonner la forme plus ou moins subtile de masochisme ou de victimisation que fut alimentée si longtemps.
  • Enfin, les lois de cause à conséquences, une fois de plus, confirment que chaque seconde de notre existence sème ce que sera demain. Il est devenu presque de mode de répéter que « aujourd’hui est le premier jour du reste de notre vie ». Petite sentence effectivement véridique, évidente, et très antidépressive pour qui veut-bien l’entendre et l’intégrer. Les Seigneurs du Karma eux-mêmes, comme les kabbalistes nomment parfois les grands êtres cosmiques qui président aux destinées, doivent effectivement se plier à nos nouveaux comportements: nous faisons fléchir les plans connus des plus hautes sphères cosmiques et glissons ainsi du territoire du destin implacable à celui de la Providence. C’est dans cette logique de pensée que le nouveau Catéchisme de l’Eglise catholique pour adulte[14] parle du sacrement de réconciliation : on y lit que ce sacrement « est indissociable de la grâce et d’une attitude nouvelle de charité, d’exemple, de prière, de travail et à plus de conversion ».

 

Une proposition méthodologique pour aider à l’impossible pardon personnel pourrait se décliner dans l’ordre qui suit. A dessein, nous ne développons pas les points déjà évoqués pour le pardon à autrui :

  1. Porter le ou les événements liés à la culpabilité personnelle au creuset du présent objectif. L’étudier à la loupe du principe de réalité et non filtré par les émotions, croyances ou opinions des autres. Prendre du recul.
  2. Développer la conscience de l’imperfection existentielle humaine. Se remémorer les origines exactes du mot péché, et dans le cadre de l’archerie (manque la cible) et dans celui de l’équitation (rater un obstacle). Méditer jusqu’à générer une conscience de la relativité du péché et de sa propre faillibilité.
  3. Être bien conscient de son remord authentique, le gouter un moment encore, mais ne pas s’y complaire. La laisser générer une aspiration profonde à changer.
  4. Se distancier le plus possible de ses émotions (souffle abdominal et lent, placement de la conscience entre les sourcils…)
  5. Accueillir ou déployer le sourire dans le cœur, même s’il n’est encore qu’une ébauche ou une aspiration.
  6. Prier, appeler de l’aide, invoquer la ou les références spirituelles auxquelles on se sait lié, avec humilité, confiance et gratitude.
  7. Ce faisant, se lier de son mieux à son Ame en élevant sa conscience vers notre part d’absolu, notre Soi, notre Maître intérieur, notre nature supérieure et spirituelle[15]. La considérer comme la partie précieuse, garante de notre seule véritable et éternelle identité ontologique. L’imaginer comme la réserve absolue de tous nos potentiels de créativités et de toutes nos qualités et vertus latentes.

Pour simple exemple, et à titre indicatif, nous proposons une prière possible à répéter trois fois en pleine conscience. Selon la foi et les croyances de chacun, elle pourra s’associer à bien d’autres prières ou indications. « Mon Ame, ma seule et vraie nature, mon essence spirituelle, ma part divine et solaire, tu es Amour, Joie, Sagesse, Paix, Puissance et Eternité. Tu connais ma source cosmique et mon devenir. Tu connais aussi mes faiblesses et mes souffrances coupables. J’en appelle à tes grâces et m’ouvre à ta lumière : déverse sur moi la Paix dont j’ai tant besoin et donne-moi la force de changer de comportement. J’abandonne ma culpabilité vis-à-vis de (…) (trois fois) mais je respecte ma part de responsabilité. Je m’engage à me consacrer à une vie toujours meilleure pour rattraper de mon mieux mes actes faillibles ; je m’engage à me consacrer à toujours plus de sagesse et d’amour dans mes actes, dans mes paroles et dans mes pensées. Merci mon Ame, merci mon Maître intérieur.

Amen. Ainsi soit-il. Pour la gloire de la divine unité (3 fois). »

Une autre option pourra convenir à certains qui souhaitent mettre l’accent sur l’engagement pour une nouvelle vie : « O Seigneur Dieu, O Hiérarchies célestes ! Faites de moi le représentant de Votre Ordre et de Votre Loi. Que chacune de mes pensées soit lumineuse expression de votre Sagesse. Que chacun de mes sentiments soit brûlante expression de Votre parfait Amour. Que chacune de mes paroles soit parole de Vérité. Que chacun de mes gestes soit geste de Justice. En ce corps, daignez m’aider à établir Votre Temple, et sur cette terre, Votre Royaume. Amen. Ainsi soit-il. Pour la gloire de la divine unité[16] ».

 

  1. Sentir (au plan corporel), ressentir (au plan émotionnel) ou pressentir (intuitivement) la lumière et la puissance des grâces qui se déversent sur nous, issues de l’Ame. Rappelons que cette dernière est liée inconditionnellement au soleil, suprême source de vie pour notre système solaire, et comme telle, beaucoup préféreront visualiser et ressentir les grâces émanant de cette source. Le soleil est, au plan archétypal, associé aux énergies Christiques cosmiques. Il s’agit de s’ouvrir alors à un flot d’Amour vivifiant et illimité, de compassion absolue, de miséricorde sans limite…
  2. Se réjouir sincèrement est essentiel en cette étape. Plus la joie sera développée et moins la part de doute résiduel pourra ralentir l’opération. Chercher cette joie au plus profond du cœur. La percevoir, pour commencer, en se remémorant un ou quelques souvenirs particulièrement heureux. Gouter la qualité de cette joie, même encore minuscule, et la laisser grossir dans le sourire du cœur. Cette étape s’assimile en fait à une forme assez subtile de contemplation sur la Joie.
  3. S’approprier les grâces reçues comme autant de carburants pour alimenter le moteur du changement. Accueillir le flot d’Amour, Paix, Joie, Miséricorde… et le laisser diffuser dans tout le corps, toutes les cellules. Ces énergies sont les germes du changement de comportement qui commence à cet instant et va s’amplifier dans les jours, semaines et mois qui suivent…
  4. Développer un sentiment de gratitude vis-à-vis de la Vie (de la Source, du plan divin, de l’Ame…). Remercier profondément l’Univers ne dispense pas de s’en dissocier pour un moment, et il est à ce stade parfaitement légitime de se remercier de même : cette auto gratitude n’est pas la bienvenue pour alimenter un quelconque orgueil (perception égocentrée ou narcissique), mais pour saluer son Ame en quelque sorte, la reconnaître comme notre vraie nature et la remercier comme on le ferait à un ami précieux, à un maître, un grand frère sur le chemin…

Seigneur, j’aime Ta sagesse,

Je crois en Ton Amour,

J’espère en Ta puissance

Et je m’appuie sur elle. [17]

 

[1] Georges Brassens a repris l’idée dans sa chanson Le mécréant : « Faite semblant de croire et bientôt vous croirez, priez et suppliez, mettez vous à genoux et bientôt vous prierez ».

[2] Le cas de Eva Mozes Kor est remarquable http://madame.lefigaro.fr/societe/une-survivante-dauschwitz-adopte-le-petit-fils-du-commandant-du-camp-230115-93951 ; de même pour le pape Jean-Paul II http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=1101064_ali ou pour ce père musulman https://www.alnas.fr/actualite/communaute/magnifique-pere-pardonne-au-meurtrier-de-son-fils

[3] Peut-on tout pardonner ? Olivier Clerc, Ed. Eyrolles 2015

[4] Ce point est précis et ne doit pas être confondu avec certaines représentations dites du « 3ème œil » et que l’on place souvent plus haut, au centre du front.

[5] Par exemple : https://www.coherenceinfo.com/ ou bien http://www.coherence-cardiaque.com/

[6] Photo D.K. Sri Lanka 2016

[7] Par exemple : https://www.dhagpo.org/fr/multimedia/revue-tendrel/344-la-prise-de-refuge

[8] Matthieu 18 :21-22

[9] On peut visualiser la personnalité ou égo comme le pâle reflet de l’âme, déformé par les prismes des sens, des émotions et de l’intellect. L’un des buts essentiels de la vie, du point de vue ésotérique universel, est de se lier le plus parfaitement à l’Ame. Or, cette dernière est aussi le reflet de l’Esprit, ou trinité théologique (présence du Père, du Fils et du St. Esprit, ou de Brahman, Vishnou et Shiva). Une fois l’âme totalement réfléchie dans le moi, c’est-à-dire intégrée dans la personnalité devenue « éveillée », il restera à l’Esprit de se refléter complètement dans l’Ame. Pour aller plus loin : L’homme à la découverte de son âme, de C. G. Jung, éditions Albin Michel 1997, puis L’Ame et son mécanisme, Alice A. Bailey, éditions Lucis Trust 1990

[10] Cette forme de prière pourra bien évidement être individualisée, ajustée à la psychologie de la personne concernée, à sa conscience et à son histoire.

[11] (Sourate 24, an-nur (la lumière), verset 31)

 

[12] L’Homme intérieur et ses métamorphoses, suivi de Un itinéraire, à la découverte de l’intériorité, éditions Albin Michel, 2005

[13] Extrait d’une prédication d’un père africain tout à fait représentative de la foi chrétienne vis-à-vis du pardon : http://gedeonchampion.com/My_Homepage_Files/Page255.html

[14] Editions Pocket 1999 p.305

  1. [15] On peut utilement visualiser une vaste sphère lumineuse au-dessus de sa tête, et un fil tout aussi lumineux qui la relie au cerveau, par un point au sommet du crâne. Ce point est le N°20 du Vaisseau Gouverneur en médecine chinoise et le fil se nomme l’Antahkarana (ou Anthakarana) en médecine ayurvédique. Croire ou pas à ces choses n’altère en rien leur réalité énergétique et ésotérique. Mais les envisager avec ouverture est facilitateur.

 

[16] La référence rituelle à l’unité fait écho au Un sans second des kabbalistes, ou à la parole de Maître Eckhart : « « Cœur à cœur, un dans l’Un, voilà ce que Dieu aime. Tout ce qui est étranger à l’Un et loin de l’Un, Dieu le hait. C’est vers l’Un que Dieu appelle et attire. C’est l’Un que recherchent toutes les créatures, même les plus infimes, et c’est l’Un que les plus élevées trouvent. Emportées au-dessus de la nature et transformées, elles cherchent l’un dans l’Un, l’Un en lui-même. » Maître Eckhart, Traités et sermons, Le livre de la consolation divine, Éditions GF Flammarion 2012

 

[17] Le livre de la prière, Peter Deunov, éditions Ultima 2009