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Les 3 notes en parfumerie : tête, cœur et fond

L’une des classifications les plus traditionnelles en parfumerie, ce ternaire des arômes peut aussi bien s’appliquer aux huiles essentielles :

  • Les notes de tête sont constituées des molécules les plus légères, les plus volatiles, qui vont s’échapper peu après l’application. Leur durée de vie est de deux heures au maximum, souvent beaucoup moins sur certaines peaux.

Exemples : les agrumes

  • Les notes de cœur sont déjà plus tenaces, et s’expriment sur 2 à 10h. Elles ont un « rôle tampon » : prolonger, porter la subtilité fraîche des notes de tête, et laisser deviner la chaleur des notes de fond.

Exemple : les notes florales

  • Enfin, les molécules les plus « lourdes » constituent les notes de fond, et se conservent actives de 8h à plusieurs jours. Ce sont ces fragrances qui donnent le caractère unique d’un parfum et le fait qu’on s’en souvienne.

Exemple : notes boisées

 

Un parfum naturel sera donc équilibré sur cette harmonie des trois notes. Une classification élaborée par la Société Française des Parfumeurs fut créée en 1990[1], mais elle ne s’applique que partiellement aux huiles essentielles. Voici une tentative personnelle de classification, très incomplète et nécessairement discutable (quoi de plus dialectique que les aromes ?) mais pouvant aider le lecteur à confectionner ses propres mélanges[2] :

 

« Notes de tête »

Ephémères… mais accrocheuses

« Notes de cœur »

Opulentes et signataires…

« Notes de fond »

Persistantes, tenaces, fidèles…

Les Hespéridées, ou Citrus tels que les agrumes citron, citron vert, combava, clémentine, pamplemousse, bergamote, mandarine verte ou rouge, Petit grain[3]

 

Les aldéhydées (citronnées) telles que Verveine, Myrte citronnées, Litsée citronnée, Menthe citronnée, Lemongrass (citronnelle de Ceylan ou de Java), Mélisse off.…

 

Les menthées ou mentholées) : menthe verte, menthe poivrée, menthe citronnée, menthe pouliot, menthe suave…

 

Les eucalyptées, dont Eucalyptus citriodora, dives, polybractea, radié, smii, etc… le Saro, le Tea tree, le Laurier noble, le Ravintsare et le Ravensara, Pin, Cyprès…

 

Les Vertes, dont Lentisque pistachier (la plus verte de toutes !), Myrte vert, Galbanum, Sapin baumier, Menthe verte et surtout Menthe coq (rarissime hélas), Genévrier, Cassis (absolu issue des bourgeons), Violette (absolue issue des feuilles), Céleri, Christe marine, coriandre (feuilles)…

 

Les camphrées, Camphre, Lavande stoechade, Lavande aspic, Romarin camphré, Hysope couchée, Inule odorante, Sauge off., Hélichryse italienne (ou de Corse), Tanaisie, Gaulthérie, Boulent lent…

Les florales

Néroli (fleur d’oranger), Rose (de Damas, de Provin, de Bulgarie…), Jasmin (absolue), Champaca, Fragonia, Mimosa, Marjolaine, Lavande fine et Lavandin d’altitude, Géranium, Basilic et Tulsi (Basilic sacré), Inule odorante, Sauge sclarée, Manuka, Ylang-ylang, Osmanthus (absolue), Palmarosa, Tubéreuse(absolue), Frangipanier…

Ainsi que Muguet, Chèvrefeuille, Lilas, Violette ou Magnolia[4]

 

Les épicées

Poivre(s), Baies roses, clou de Girofle, Cannelle, Muscade et Macis, Cardamome, Cumin, Fenouil, Gingembre, Coriandre (graines), Angélique, Aneth, Baie de St. Thomas ou Bois d’Inde,…

 

Les Chyprées élaborées sur le complexe « Mousse de chêne, Ciste-labdanum, Patchouli et Bergamote[5] »

 

Les Fougères, liées à des complexes associant Lavande, Vétiver, Géranium, Mousse de chêne, voire Monarde,…

 

Les poudrées[6], issues des rhizomes de l’Iris, puis en partie Cardamome…

 

Les lactées ou lactonées :

Cèdre de l’Atlantique, Achilée millefeuille, Armoise arborescente, Camomille allemande (à azulène), Inule odorante, Fève de Tonka…

Les boisées

Santal, Patchouli, Houd, Cèdre(s) de l’Atlas ou de Virginie, Vétyver, Amyris, Bois de Siam, Palo santo, Nard, puis, à moindre durée dans le temps : Bois de Hô, Bois de rose, Baume du Pérou…

 

Les cuirées

En référence historique au « Cuir de Russie »[7], Bouleau blanc (hélas pyrogéné !), Ciste ladanifère, Styrax, Oud, Gaïac, Miel…

 

Les musquées ou animales, issues du musc (de la civette ou des cerfs), de l’ambre gris (du cachalot), du casteorum (des castors)[8]… mais aussi de l’Ambrette (hibiscus),

 

Les ambrées[9]

Ambre minéral (extrait), Labdanum, Benjoin, Copal, Opoponax, voire Ciste ladanifère, Myrrhe, Benjoin, Oliban, Fève de Tonka…

 

Les vanillées & fruitées, sucrées ou gourmandes telles que Ylang-Ylang, Frangipanier (souvent absolue), Vanille, Mandarine, fève de Tonka (absolue), Jasmin Sambac, Bergamote, Cassis, Anis vert et Badiane, Safran, Benjoin… (et hélas beaucoup de molécules de synthèse en parfumerie !)

 

Les empyreumatiques

Cacao, Café, Oud Cadier (pyrogéné hélas[10]), Oliban, Myrrhe, Gaïac, Labdanum…

 

Les minérales[11], ou terreuses, comme Nard, baies et surtout feuilles de Cade, Galbanum, Livèche, Curcuma, Mélèze, Angélique, Sarriette, Thym à thymol, et même la tourbe à whisky !…

 

 

Il restera à :

  1. Méditer sur quelles associations (tête + cœur + fond) l’on souhaite s’orienter en fonction de ses goûts, de la saison, des moments où seront utilisés les parfums, voire des parties du corps concernées…
  2. Déterminer les proportions les plus judicieuses
  3. Déterminer la concentration souhaitée
  4. Choisir, le cas échéant, l’excipient idéal
  5. Associer un possible « fixateur»
  6. Tester avec patience ses propres créations aromatiques
  7. Partager avec ses proches…

 

Les points 2 à 5 méritent des commentaires plus précis. Ainsi :

  • Les proportions seront élaborées en fonction de l’usage du parfum, sachant que les huiles de tête n’auront qu’une courte espérance de vie et les notes de fond pourront « tenir » toute une journée. Quant aux notes de cœur, elles devront être soigneusement testées (aux mouillettes) avant de prendre le risque de gâcher des huiles essentielles souvent coûteuses. certaines associations peuvent être franchement décevante et ne pas correspondre du tout, une fois les huiles essentielles mélangées, à l’addition attendue !
  • Les concentrations devront tenir compte :
  • des possibles réactions cutanées liées à des H.E. irritantes ou caustiques
  • du prix des H.E. utilisées (et donc du budget disponible)
  • de l’effet recherché se rapprochant plutôt de l’eau de parfum ou de l’eau de toilette.
  • Pour un « parfum » tenace : 20 à 50% d’H.E.
  • Pour une « eau de parfum » tenant une journée : 8 à 25%
  • Pour une « eau de toilette » utile sur quelques heures : 5 à 12%
  • Pour une eau de fraicheur (une à deux heures) : moins de 8%
  • L’excipient choisi sera soit
  • une huile : Argan, amande douce, avocat, andiroba, baobab, babassu, chanvre, concombre,…
  • ou un beurre végétal : Soja, karité, coco, avocat, cupuaçu, murumuru, tucuma…
  • soit de l’alcool de fruit[12]
  • soit une cire (pommade ou baume à la cire d’abeilles blanche ou jaune par exemple).
  • voire un gel (aloe vera, silicium organique…)

Les parfums faits d’huiles essentielles pures ne sont pas inimaginables, bien au contraire, mais attention au prix et aux possibles réactions cutanées… A réserver pour parfumer les cheveux, les vêtements, la voiture…

  • Le fixateur est traditionnellement la poudre de racine d’Iris (ou l’extrait d’Iris au CO2 supercritique), mais on peut aussi utiliser une base résineuse plus « lourde », propre à durer dans le temps sans trop « virer » : Absolue de Benjoin, H.E. de Patchouli, bois de Siam, bois de Gaïac, Sauge sclarée, bois de Cabreuva, bois d’Amyris, Labdanum ou baume du Pérou… voire Vétiver, Cèdre du Liban, Sauge sclarée, plus fluides mais apportant stabilité, en plus de leur propre parfum.

Dans ces options aromatiques, compter sur la note de fond apportée par les produits bien entendu. Jouer alors sur les proportions : pour garder une allure fraiche et vive d’agrumes par exemple, les fixateurs boisés devront être modérément présents… Encore uen fois, à tester et tester encore ![13]

 

[1] https://parfumenscene.fr/classification-des-parfums-2/

[2] Certaines plantes peuvent se retrouver dans une ou deux colonnes.

Il existe une liste des parfums par notes : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_parfums_par_notes

[3] Se dit d’une huile essentielle de feuille d’un agrume, il convient donc de préciser clairement : petit grain oranger Bigarade, Petit grain mandarinier, Petit grain bergamotier…  Elles sont à l’origine des « Eaux de Cologne »

[4] Ces dernières entreront très probablement bientôt dans les gammes des huiles essentielles naturelles grâce aux merveilles de l’extraction au CO2 supercritique. Sinon, ces fleurs sont trop fragiles pour supporter une distillation à la vapeur d’eau ; quand à l’enfleurage… il est de plus en plus rarement utilisé (sauf peut-être pour le jasmin en Provence encore).

[5] Depuis le succès de Chypre de Coty sorti en 1917

[6] Jadis associées à l’usage du la poudre de riz et d’autres talcs minéraux ou végétaux ; de nos jours, fait partie des « parfums de grand-mères »…

[7] http://www.marieclaire.fr/,cuir-de-russie,724451.asp & http://faireletourdumondeenparfums.com/reconnaitre-parfums-cuirs/

[8] Pour d’évidente raisons éthiques mais aussi pour ne pas s’associer aux fréquences animales (dites « astrales »), nous déconseillons fermement ces produits.

[9] En parfumerie, ces senteurs sucrées, opulentes, chaudes et sensuelles rappellent le miel, le musc, les terres d’Orient. On y associe souvent le giroflier (clou) ou la vanille pour les soutenir, les « porter » et leur complexité mêle les fragrances de Labdanum et autres résines (Benjoin, Copal, Dammara, mais aussi hélas nombre de molécules de synthèse.

[10] Porté à haute température et libérant des hydrocarbures polycycliques toxiques (cancérogènes) ; une huile ou huile essentielle de Cade ne doit jamais sentir le goudron !

[11] En parfumerie, toujours de synthèse pour rappeler le silex, l’ozone, le carbone minéral…

[12] Par exemple la base parfum bio : https://www.aroma-zone.com/beaute-soins-lavants-bio/bases-neutres.html?mode=grid&limit=24

[13] Le site de la société Aromazone est bourré de conseils pratiques : https://www.aroma-zone.com/info/dossier-thematique/fabriquer-son-parfum